Quelques jours après la levée par Pékin des restrictions imposées depuis des années sur le Covid, le pays a été submergé par une recrudescence des cas, les hôpitaux étant submergés de patients et les pharmacies étant à court de médicaments contre la fièvre.
(Ken Moritsugu / AP)
La Chine a réquisitionné la production de fournitures médicales dans tout le pays alors que des millions de personnes luttent pour obtenir des médicaments essentiels et des kits de dépistage face à une recrudescence des cas de Covid-19.
Les pharmacies des grandes villes ont été vidées de leur contenu suite à la décision soudaine du gouvernement chinois de lever des années de confinement, de quarantaine et de tests de masse.
Les autorités ont exhorté les personnes présentant des symptômes légers à rester chez elles et à se soigner elles-mêmes, ce qui a entraîné une ruée sur tout, de l’ibuprofène aux tests antigéniques rapides.
Pour faire face aux pénuries nationales, les autorités ont demandé à plus d’une douzaine de sociétés pharmaceutiques chinoises d’aider à « sécuriser l’approvisionnement » des principaux médicaments, ce qui est un euphémisme pour réquisitionner, selon les interviews de l’AFP et les médias locaux.
Au moins 11 des 42 fabricants de kits de test dont les produits sont autorisés par les régulateurs médicaux chinois ont vu une partie de leur production saisie par le gouvernement ou ont reçu des ordres de l’Etat, selon des rapports locaux.
Wiz Biotech, un fabricant de tests rapides d’antigènes dans la ville de Xiamen, dans le sud du pays, a confirmé à l’AFP que le gouvernement local allait réquisitionner tous les kits qu’il produit.
A Pékin, les autorités ont envoyé du personnel supplémentaire chez six fabricants de kits antigènes pour les aider à « augmenter la production », a indiqué la municipalité sur son site internet.
Dans toute la Chine, des millions de personnes ont du mal à se procurer des fournitures médicales essentielles.
« Toute ma famille est malade, et je ne peux pas acheter de médicaments », a déclaré à l’AFP Yanyan, une habitante de Chengdu qui n’a donné que son prénom.
Jeudi, une douzaine de pharmacies dans le pays ont signalé des pénuries de médicaments contre la fièvre.
« Nous n’en avons plus du tout depuis une semaine ou deux…. Il me reste encore quelques antidouleurs, mais très peu », a déclaré à l’AFP un pharmacien de la région de Ningxia (nord-ouest).
Certaines autorités locales ont instauré des politiques de rationnement.
Dans la ville de Zhuhai, les responsables ont déclaré en début de semaine que l’enregistrement des pièces d’identité serait nécessaire pour acheter des médicaments contre la fièvre dans plus de 500 pharmacies, les résidents n’étant désormais autorisés à acheter que six comprimés par semaine.
Les autorités de Nanjing, la capitale de la province orientale de Jiangsu, ont déclaré avoir sécurisé deux millions de comprimés de médicaments contre la fièvre, mais ont ajouté que les clients étaient limités à six par semaine.
Jeudi, la ville orientale de Hangzhou a exhorté les citoyens à passer des commandes de médicaments de manière « rationnelle » en fonction de leurs besoins.
« N’accumulez pas aveuglément les médicaments… laissez-les aux personnes qui en ont vraiment besoin », peut-on lire dans un avis de l’administration de surveillance du marché de la ville.
Un expert a déclaré à l’AFP que le goulot d’étranglement de l’approvisionnement était un problème de logistique plutôt que de production.
« L’industrie et les autorités chargées de l’information mettent en place des mesures pour sécuriser la production, mais la logistique est encore loin d’être fluide, à savoir les canaux traditionnels des hôpitaux et des pharmacies », a déclaré Zhou Zhicheng, directeur de la Fédération chinoise de la logistique et des achats.
Et à mesure que les cas se multiplient, les salles d’hôpital des grandes villes se remplissent de patients âgés atteints de Covid-19.
Dans la mégalopole de Shanghai, à l’est du pays, un journaliste de l’AFP a vu les couloirs d’un service d’urgence bordés de brancards remplis de personnes âgées branchées à des bouteilles d’oxygène.
L’AFP a compté au moins 15 de ces patients débordant des salles dans le couloir, certains avec des valises à côté de leurs chariots.
Face à l’épidémie sur le continent, les acheteurs anxieux de Hong Kong se sont rués sur les médicaments antigrippaux en vente libre, vidant les rayons des pharmacies depuis près de deux semaines.
« La semaine dernière, des gens ont acheté une douzaine, deux douzaines de boîtes de Panadol pour les envoyer en Chine continentale », a déclaré à l’AFP un employé de pharmacie.
La plus grande chaîne de pharmacies de la ville semi-autonome, Mannings, a limité les achats de médicaments contre la fièvre, le rhume, la grippe et la toux de marques occidentales populaires et de gélules chinoises Lianhua Qingwen, invoquant « une hausse soudaine de la demande ».
Le président de la Chambre générale de pharmacie de Hong Kong a déclaré que la plupart des médicaments achetés étaient probablement destinés à la Chine.
Les autorités taïwanaises ont déclaré qu’elles avaient également constaté une augmentation des achats en gros de Panadol et de médicaments similaires au cours des dernières semaines.
« Si la situation s’aggrave, nous envisagerons un système de rationnement pour limiter le nombre de médicaments que chaque individu peut acheter », a déclaré le chef du centre de commandement du contrôle des épidémies de Taïwan.
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Source : AFP
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