Au Pérou, la « prise de Lima » par les protestataires

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Ils sont entrés dans le centre historique de Lima, sous les applaudissements, dans une cacophonie de sifflets et de chants. « Cet accueil, c’est pour nos frères et sœurs qui viennent de si loin, clame Mirella Silva, une étudiante de 22 ans résidente dans la capitale du Pérou et venue se joindre au cortège. Ils défendent une cause juste contre un gouvernement sourd et indifférent à tous ces morts. » Des dizaines de milliers de paysans, d’ouvriers, d’étudiants, venus pour la plupart des Andes, ont défilé pacifiquement, jeudi 19 janvier, dans les rues de Lima. Beaucoup étaient revêtus du drapeau national rouge et blanc et scandaient : « Dina, renuncia » – « Dina [Boluarte, la présidente par intérim], démissionne. »

On craignait des violences, on redoutait la réaction de la police et des militaires, dans un climat d’état d’urgence et alors que les forces de sécurité tirent à balles réelles dans les Andes contre les manifestants, qui exigent de nouvelles élections après le coup d’Etat manqué et la destitution du président Pedro Castillo (gauche), le 7 décembre 2022. Mais si les tirs de gaz lacrymogènes destinés à empêcher les protestataires d’arriver au Congrès ont fait une vingtaine de blessés, aucun mort n’est à déplorer dans la capitale, contrairement à Arequipa, dans le Sud, où un homme de 30 ans a reçu un tir dans l’abdomen.

Le voyage depuis leurs régions jusqu’à Lima avait duré, pour certains manifestants, jusqu’à trente heures, effectuées en camions ou en bus, à travers la cordillère. « Nous sommes partis de chez nous mardi matin », raconte Rebecca Chahua Velasquez, originaire de l’Altiplano, près du lac Titicaca, à la frontière bolivienne, à plus d’un millier de kilomètres de Lima. « Nous avons rencontré beaucoup d’obstacles en chemin. Il y avait des policiers et des barrages de l’armée. On nous a contrôlés à plusieurs reprises », poursuit la femme d’une cinquantaine d’années, les cheveux noués en une longue tresse et recouverts d’une casquette.

« C’était un voyage épuisant, souffle Felicia Mamani, 30 ans. Mais on a reçu beaucoup de dons de citoyens. » De la nourriture, de l’eau, de l’argent, de quoi pouvoir tenir dans la capitale plusieurs jours si nécessaire. Car le mouvement pour « prendre Lima » et se faire entendre d’un pouvoir central qui dit ne pas comprendre pourquoi ils manifestent veut s’inscrire dans la durée. « J’ai laissé mes enfants, mon mari. J’ai tout laissé, car c’est une lutte pour un Pérou meilleur », ajoute cette agricultrice de l’Altiplano.

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Lot atik