
Les grandes lignes de la 48e cérémonie des Césars, prévue vendredi 24 février à l’Olympia, à Paris, se précisent à l’annonce des nominations, qui dessinent chaque année un champ d’élection au sein du cinéma français. Comme de coutume, c’est une certaine vitrine du cinéma d’auteur qui s’y distingue, celui ayant su ramener le public en salle dans le contexte difficile de l’après-crise sanitaire. En tête de gondole, on retrouve donc deux succès surprises de l’année 2022 : L’Innocent, de Louis Garrel (onze nominations), suivi de près par La Nuit du 12, de Dominik Moll (dix nominations), qui ont réuni, respectivement, près de 700 000 et 500 000 spectateurs. Fait notable : les deux chassent sur les terres du polar, mais dans des tonalités radicalement opposées. Le premier en suivant la pente loufoque d’un plan de braquage familial, le second en brossant l’enquête au noir sur un cas de féminicide irrésolu dans l’avant-pays alpin, tout en poussant la réflexion sur la malédiction des rapports hommes-femmes.
Ce cinéma dit « du milieu », reflétant les équilibres entre souci de bonne facture et portée publique, auquel s’adjoint En corps, de Cédric Klapisch (neuf nominations), est cerné sur ses flancs par deux autres catégories de production. D’une part, le « poids lourd » de l’industrie, incarné cette année par Novembre, de Cédric Jimenez (sept nominations), autre polar retraçant les opérations de l’antiterrorisme suite aux attentats de 2015, selon une formule lorgnant vers une efficacité à l’américaine.
Sur l’autre versant, côté recherche, c’est l’inclassable Pacifiction. Tourment sur les îles, d’Albert Serra, expérience de fiction sans filet qui concentre l’essentiel des attentes, soit neuf nominations dont une pour son interprète Benoît Magimel, irrésistible dans la peau d’un préfet polynésien. Dans un même créneau, Saint Omer, d’Alice Diop (quatre nominations dont celle pour le meilleur premier film), candidat déçu de la France aux Oscars, suscite les espoirs pour sa reconstitution rigoureuse d’un procès de mère infanticide, soulignant les biais racistes de l’instruction.
Aucune réalisatrice
Suite aux remous en cascade qu’avait essuyés l’Académie des Césars en 2020, ayant conduit au renouvellement de ses statuts comme de ses membres, l’institution affiche encore des signes de réforme qui ne sont pas toujours suivis d’effets. Ainsi peut-on s’étonner, par exemple, que pour le César de la meilleure réalisation ne figure aucune réalisatrice, a fortiori une année où celles-ci étaient particulièrement présentes dans les salles – Revoir Paris, d’Alice Winocour (une nomination), mais aussi Les Enfants des autres, de Rebecca Zlotowski, Un beau matin, de Mia Hansen-Løve ou Bowling Saturne, de Patricia Mazuy, autant de belles réussites absentes des suffrages.
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