
Une visite d’un site d’enfouissement de déchets, d’un port de pêche, d’un « chantier d’innovation culturelle », mais aussi des rencontres avec des chefs d’entreprise, ou encore une discussion sur le pouvoir d’achat dans un supermarché… le programme de Jean-François Carenco était bien rempli, à l’occasion du déplacement de trois jours en Martinique du ministre délégué chargé des outre-mer. Pourtant, un tout autre thème s’est imposé lors de cette visite ministérielle, qui s’est achevée samedi 14 janvier : le chlordécone, ce pesticide toxique pour l’humain et l’environnement utilisé dans les bananeraies et interdit en 1993. Après l’annonce de la décision de non-lieu rendue le 2 janvier par deux juges d’instruction du pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris dans ce dossier pénal, au terme de dix-sept ans de procédure, le sujet est encore dans toutes les têtes aux Antilles.
<p class="article__paragraph ">Le ministre a pu le constater dès son arrivée dans le département, où il se rendait pour la troisième fois depuis son entrée en fonctions, en juillet 2022. Lors d’une conférence de presse organisée à l’issue de sa rencontre, jeudi 12 janvier au soir, avec, entre autres, le président du conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Martinique (CTM), Serge Letchimy (Parti progressiste martiniquais), Jean-François Carenco assurait avoir abordé <em>« douze à quinze sujets »</em> avec les élus, mais c’est sur le chlordécone qu’il a été d’emblée pressé de s’exprimer.</p> <p class="article__paragraph "><em>« Nous en avons largement parlé avec Serge Letchimy »</em>, a indiqué le ministre. <em>« Je reconnais l’humiliation qu’on a fait subir à des gens en faisant traîner cette affaire pendant trente ou quarante ans »</em>, a-t-il ajouté. Refusant, par tradition républicaine, de commenter la décision des juges, M. Carenco s’est néanmoins dit <em>« touché »</em> par cette discussion avec les élus de la collectivité et a indiqué vouloir prendre le temps de <em>« réfléchir aux conclusions »</em> de cet échange. Le gouvernement se doit de <em>« dire des choses vraies »</em> et de faire des promesses <em>« qu’</em>[il]<em> est capable de tenir »</em>, a insisté le ministre.</p> <h2 class="article__sub-title">« Une action commune »</h2> <p class="article__paragraph ">Serge Letchimy s’est montré satisfait de ces propos conciliants. <em>« Derrière cette humiliation il y a une souffrance terrible qui se prolonge : vingt-deux ans de pollution et près de quarante ans d’atermoiements pour trouver des solutions »</em>, a rappelé cet ancien député, qui avait présidé la commission d’enquête parlementaire mise en place en 2019 pour faire la lumière sur ce scandale. La CTM, qui s’est constituée partie civile en octobre 2021 dans ce dossier pénal ouvert en février 2006, après le dépôt d’une plainte pour empoisonnement, va <em>« utiliser toutes les voies d’appel »</em>, a assuré M. Letchimy. Appelant de ses vœux le respect par l’Etat de <em>« la dignité des peuples »</em> antillais et l’entrée dans <em>« l’ère de la réparation »</em>, l’élu martiniquais a par ailleurs évoqué la constitution d’un <em>« front politique »</em> avec les élus guadeloupéens.</p> <p><strong>Il vous reste 46.63% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.</strong></p>
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