
Les Tunisiens sont appelés aux urnes samedi 17 décembre pour élire leurs députés. Une élection largement boycottée par la majorité des partis du pays représentés lors des précédentes mandatures, opposés à la plupart des initiatives qui ont suivi le coup de force de Kaïs Saïed, le 25 juillet 2021.
Les bureaux de vote où sont convoqués plus de 9 millions d’électeurs, ont ouvert à 7 heures (heure locale). Le scrutin se déroule à l’issue de trois semaines d’une campagne terne, avec très peu d’affiches de candidats dans les rues et en l’absence de débats sérieux, au moment où la population paraît surtout préoccupée par le coût de la vie.
Un Parlement aux compétences restreintes
Une nouvelle Chambre de 161 députés (au lieu de 217 lors des précédentes mandatures) doit remplacer celle que M. Saïed a gelée le 25 juillet 2021, après des mois de blocages des institutions en place depuis la chute du président Zine El-Abidine Ben Ali, lors de la révolte des « printemps arabes » de 2011. Le Parlement issu des législatives, après un second tour organisé d’ici début mars, sera doté de compétences très restreintes en vertu de la nouvelle Constitution que M. Saïed a fait adopter cet été lors d’un référendum marqué par une abstention massive (près de 70 %).
Elus au scrutin uninominal à deux tours et non plus sur des listes, les futurs députés ne pourront pas destituer le président, contrôler l’action du gouvernement ni le censurer. Il faudra dix députés pour proposer une loi et le président aura la priorité pour faire adopter les siennes. Ils ne bénéficieront pas non plus d’une quelconque immunité et pourront être révoqués de leurs fonctions, sous certaines conditions, par les électeurs.
Inflation de 10 %
Selon l’Observatoire tunisien de la transition démocratique, la moitié des candidats (1 058) sont des enseignants ou des fonctionnaires de niveau intermédiaire. Les femmes représentent moins de 15 % des postulants, alors que la parité des candidatures était auparavant obligatoire.
La principale préoccupation des 12 millions de Tunisiens reste le coût de la vie, avec une inflation de près de 10 % et les pénuries récurrentes d’aliments comme le lait et le sucre. Le scrutin est boycotté par la plupart des partis, dont le mouvement d’inspiration islamiste Ennahda, ennemi juré du président Saïed, qui a dominé le Parlement dissous durant dix ans. La puissante centrale syndicale UGTT, devenue récemment très critique de la politique de M. Saïed, a jugé ces législatives inutiles.
Les caisses du pays dans le rouge
Al Bawsala, une ONG qui scrute les activités parlementaires depuis 2014, a annoncé qu’elle boycotterait les travaux « d’une Assemblée marionnette » dont le rôle se limiterait selon elle à « soutenir les orientations du président ». L’analyste Hamish Kinnear, du cabinet Verisk Maplecroft, juge que le scrutin est surtout « un outil dont se sert le président Saïed pour conférer une légitimité à son monopole du pouvoir ». Il estime néanmoins que la mise en place d’un Parlement va « faciliter les relations de la Tunisie avec ses principaux partenaires extérieurs, en mettant fin à dix-sept mois d’incertitude constitutionnelle ». Il sera plus aisé, selon lui, d’obtenir l’aide des bailleurs de fonds « grâce à un retour à une plus grande prévisibilité politique, même si la légitimité démocratique des élections législatives est faible ».
Il y a urgence car les caisses du pays sont vides. Le FMI, qui devait donner lundi son feu vert à un quatrième prêt à la Tunisie en dix ans, d’environ 2 milliards de dollars, a reporté sa décision à début janvier à la demande du gouvernement, dont le dossier n’était pas totalement bouclé, ont rapporté à l’Agence France-Presse des sources proches du dossier.
The post En Tunisie, premières élections législatives sous la présidence de Kaïs Saïed appeared first on Haiti24.