
Il est le grand absent de la photo de famille des présidents invités au sommet Etats-Unis-Afrique. Alors que son homologue, le président congolais Félix Tshisekedi, apparaît, souriant, derrière le chef d’Etat américain Joe Biden, le Rwandais Paul Kagame s’est fait représenter par son premier ministre. Signe que la défiance qui règne entre Kigali et Kinshasa, depuis la résurgence du Mouvement du 23 mars (M23) dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) fin 2021, a des échos hors des Grands Lacs.
Lors de la clôture de la réunion à Washington, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a appelé le Rwanda à « user de son influence » pour convaincre les rebelles du M23 de déposer les armes. Pour la première fois, lundi 19 décembre, Paris a également officiellement dénoncé le « soutien » de Kigali à ce groupe armé, l’Allemagne lui a emboîté le pas mardi après-midi. Une position déjà exprimée par plusieurs chancelleries européennes, dont la Belgique.
Une tuerie qui a « horrifié »
Les nombreux appels de Félix Tshisekedi à la communauté internationale auraient-ils été entendus ? Depuis plusieurs mois, Kinshasa dénonce « l’agression rwandaise » sur son territoire et l’appui apporté par Kigali aux insurgés. Ces derniers occupent désormais une large partie du territoire de Rutshuru, dans la riche province minière du Nord-Kivu, à la frontière de l’Ouganda et du Rwanda. Coupables d’innombrables exactions, le M23 est accusé, dans un rapport préliminaire de l’ONU, d’avoir tué au moins 131 civils, dont 17 femmes et 12 enfants, les 29 et le 30 novembre dans le village de Kishishe.
On ignore encore le bilan exact de cette tuerie qui a « horrifié » les chancelleries occidentales. D’après le gouvernement congolais, 272 personnes sont mortes pendant cette période. Un chiffre « manipulé pour des raisons politiques » selon le M23, qui reconnaît seulement la mort de huit habitants. Pour l’heure, aucun enquêteur indépendant n’a pu se rendre sur les lieux du drame. La zone est toujours sous contrôle du M23.
Seuls deux journalistes – un Rwandais et un Belge – sont allés sur place début décembre. Albert Rudatsimburwa, ancien directeur de la radio Contact FM, et Marc Hoogsteyns, fondateur de l’agence de presse Kivu Press Agency, ont fait le déplacement depuis Kigali – où ils sont basés – encadrés par les insurgés. Ce voyage de presse organisé sur le sol congolais, sans accréditation, a fait bondir Kinshasa. Le ministère de la communication a immédiatement dénoncé, dans un communiqué du 12 décembre, « la nouvelle campagne de mensonge du Rwanda pour tronquer les faits » et a mis l’accent sur la « collaboration médiatique » entre Kigali et le M23.
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