La mort de Vivienne Westwood, « créatrice et militante » britannique

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Dans le communiqué de la marque qui porte son nom, annonçant son décès jeudi 29 décembre, il est écrit : « Dame Vivienne Westwood, créatrice et militante ». En 2022, la mode compte peu de stylistes célèbres associés de près ou de loin à l’idée même d’activisme. Le sien était chevillé au corps. Inoxydable, décoiffant, dérangeant parfois, il était sa marque de fabrique, sa raison d’être au monde.

D’abord enseignante dans une école primaire, Vivienne Isabel Swire épousera et divorcera dans les années 1960 de Derek Westwood, dirigeant d’un night-club. Mais c’est sa rencontre, dès 1965 avec Malcolm McLaren, futur manager des New York Dolls et des Sex Pistols, et surtout leur installation en 1971 au 430 Kings Road à Londres, qui fondera la légende. Antre du punk connu notamment sous l’enseigne SEX, la petite boutique ne ressemble alors à aucune autre. Ami pendant un demi-siècle avec la créatrice britannique, le couturier Jean-Charles de Castelbajac se souvient de ce jour de 1972 où il passe devant la vitrine et franchit la porte : « Je traversais alors une grande période de solitude car je fabriquais des vêtements à base de serpillières et de couvertures de déménagement… Et je tombe sur ce magasin de King’s Road où tout était transgression, détournement et récupération, jusqu’à ces tee-shirts faits avec des os de poulet ! »

Passionnée d’histoire, Vivienne Westwood développe un goût pour le XVIIIe siècle français, la Révolution, les Incroyables et les Merveilleuses, Jean-Honoré Fragonard, Rose Bertin ou François Boucher. Non pas dans une approche littérale, mais situationniste : elle reprend à son compte des éléments historiques – le corset, la technique tailleur, les faux culs ou encore le tartan –, elle déconstruit et reconstruit tout pour que chacun porte un regard neuf sur les choses. En parfaite autodidacte (elle n’aura reçu en tout et pour tout que trois mois de formation mode à la Harrow School Art), elle démonte les fripes qu’elle achète pour comprendre leur structure. « On m’a reproché d’être anachronique. Mais ma façon de couper les vêtements, qui adapte les techniques de Madeleine Vionnet ou Charles Frederick Worth à la production de masse, a beaucoup influencé la façon dont les gens s’habillent », disait-elle à M le magazine du Monde en 2014, pendant la promotion de son autobiographie.

Mode plus troublante que glamour

Avec détermination et constance, la guerrière Westwood fait de son vestiaire un combat, un slogan permanent, vivant. Sa mode, plus troublante que glamour, interpelle. Entre une maîtrise remarquable de la coupe, une allure provocante, une féminité irrévérencieuse et joyeuse, elle questionne l’ordre établi. « Elle aurait pu faire des choix plus conventionnels, mais elle est restée toute sa vie fidèle à ses engagements, analyse Castelbajac. Elle sentait que se mettre en danger était le seul moyen d’être immortelle de son vivant. » Comme ce jour de 1992 où elle reçoit des mains de la reine la médaille de l’Ordre de l’Empire britannique : elle se présente en tailleur gris souris d’un classicisme redoutable et, en sortant de Buckingham, fait tourner sa jupe laissant aux photographes le soin de découvrir qu’elle ne porte pas de culotte.

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Lot atik