
Reconnue coupable d’avoir violé la Charte de l’ONU en envahissant l’Ukraine, la Russie a officiellement pris les rênes du Conseil de sécurité, lundi 3 avril. La voir assurer cette présidence tournante, qui revient à chaque membre du Conseil tous les quinze mois, conformément aux règles du droit international, est une absurdité de trop pour certains, au moment où les appels à une refonte des institutions multilatérales sont fréquents – du fait, notamment, du travail de sape des institutions onusiennes par Moscou.
C’est aussi donner à la Russie un porte-voix symboliquement plus important, alors que le Kremlin vient de présenter officiellement sa nouvelle doctrine de politique étrangère, aux charges virulentes contre l’Occident. Condamnée à deux reprises par deux tiers des pays membres de l’ONU pour son invasion de l’Ukraine en février 2022, la Russie est surtout le premier pays dont le président fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour « crimes de guerre » à prendre la tête du principal organe garant du maintien de la paix et de la sécurité internationale. Une critique que Vassily Nebenzia, ambassadeur russe à l’ONU, a balayée lors de la présentation, lundi, du programme mensuel à la presse, la décision de la Cour pénale internationale étant « illégale » pour la Russie.
Cette présidence russe du Conseil de sécurité a suscité l’émoi. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a évoqué une « mauvaise blague » pour ce 1er avril. « La présidence russe du Conseil de sécurité des Nations unies est une gifle au visage de la communauté internationale », a pour sa part déploré, sur Twitter, le ministre ukrainien des affaires étrangères, Dmytro Kouleba. Le mouvement citoyen Atlas a invité les ambassadeurs des pays du Conseil ayant déjà condamné la Russie à boycotter les réunions du mois d’avril : des chaises vides pour « redonner une crédibilité au Conseil de sécurité ».
« Un rôle surtout technique »
« S’il y a quatre-vingts ans, l’Allemagne nazie avait présidé le Conseil de sécurité – bien qu’il n’existait pas à ce moment-là –, j’espère qu’on n’aurait pas accepté ça, s’émeut Andrea Venzon, son cofondateur. Si la Russie n’est pas encore aussi criminelle que l’Allemagne nazie, elle s’en rapproche. Il est maintenant clair que la Russie n’essaie pas de stopper cette guerre, donc la seule chose qu’on peut faire, ce sont ces interventions marquantes. »
L’appel est resté lettre morte auprès des représentants occidentaux à l’ONU. « Boycotter n’a pas de sens », affirme un diplomate du Conseil de sécurité. Cette présidence, ajoute-t-il, « se limite du 3 au 30 avril, c’est un rôle surtout technique. Le Conseil ne s’occupe pas exclusivement de l’Ukraine. Aussi terrible que soit le conflit ukrainien, on ne peut pas bloquer le reste des dossiers ».
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