Le décryptage de Jean-Luc Ettori après Angleterre-France : «Lloris a gagné le face-à-face psychologique face à Kane»

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L’ancien gardien de l’équipe de France analyse la performance des Bleus face à l’Angleterre en s’attardant sur les duels entre Hugo Lloris et Harry Kane sur les deux penaltys.

Ancien gardien de l’équipe de France (9 sélections), Jean-Luc Ettori a vécu le match Angleterre-France devant sa télé «tranquille dans le canapé» samedi soir. «Enfin tranquille, je ne sais pas si c’est le bon mot. Ces Bleus m’ont fait vibrer mais ils ont été malmenés quand même. Je viens d’écouter Arsène Wenger qui dit que la France avait quelque chose de plus que l’Angleterre, oui au final, mais que ce fut dur pendant plus d’une heure !», nuance l’ancien gardien de l’AS Monaco qui a décrypté à chaud la rencontre pour Le Figaro.

Le Figaro : Jean-Luc, comment l’ex-gardien de but que vous êtes a apprécié le match plein d’Hugo Lloris ?

Jean-Luc Ettori : Je suis heureux d’avoir vu un grand Lloris, qui est pour moi l’homme du match avec Olivier Giroud. Bien sûr Olivier a marqué mais Hugo a joué un rôle essentiel dans la qualification, notamment sur le deuxième penalty que rate Kane. Je suis convaincu qu’Hugo savait que Kane voulait mettre la mettre à sa droite et que Kane savait qu’Hugo partirait dessus. Kane s’est dit : «Je vais devoir forcer ma frappe.» Psychologiquement, Lloris a gagné le face-à-face à ce moment-là. Il a forcé son tir et le ballon est parti au-dessus…

La frappe trop enlevée de Kane sur le deuxième penalty. HANNAH MCKAY / REUTERS

Les Anglais ont quand même dit qu’il était le point faible des Bleus ! Il avait répondu qu’il répondrait sur le terrain. On a vu la réponse…

Jean-Luc Ettori

Racontez-vous comment se passe un face-à-face entre deux joueurs, coéquipiers, qui se connaissent parfaitement à ce moment-là de la rencontre

Très honnêtement, ils se connaissent par cœur mais ça reste du 50-50. Ce qui est clair en revanche, c’est que celui qui s’est posé le plus de questions sur le deuxième penalty, c’est le tireur. Pourquoi ? Parce que dans la tête de tout le monde, c’est plus facile de le transformer que de le rater. Sur le premier, j’étais sûr qu’Hugo ne l’arrêterait pas. D’ailleurs, je n’ai trop compris pourquoi il est parti sur sa gauche face à un droitier. Sur le deuxième penalty dans un match, la pression est encore davantage sur le tireur. Je suis heureux car on attendait énormément de Lloris et il a répondu présent. Il a été critiqué en Angleterre. Les Anglais ont quand même dit qu’il était le point faible des Bleus ! Il avait répondu qu’il répondrait sur le terrain. On a vu la réponse…

Les Bleus ont souffert et la défense a parfois donné l’impression d’être au bord de la rupture…

Devant ma télé je reste assez chauvin (rire) donc, j’aurai du mal à parler de la défense comme un point faible. Oui, parfois elle a monté quelques signes de fébrilité mais n’oublions pas que devant elle, nous n’avons plus de joueurs type Kanté capables de pourrir la vie de l’entrejeu adverse. Un Kanté, tu le dribbles neuf fois, il est encore là à s’accrocher à toi, avant de le voir se sacrifier pour aller gratter un ballon. Tchouameni et Rabiot sont dans un registre un peu différent, avec d’autres qualités. J’ai le sentiment que nos défenseurs sont quand même parfois livrés un peu à eux-mêmes, ce qui amène quelques flottements. C’est un choix délibéré de Didier Deschamps d’évoluer dans ce schéma.

La faute de Theo Hernandez vous a-t-elle agacé sur le deuxième penalty ?

On vient de marquer, on est dans l’euphorie et il y a cette faute qui paraît grossière… Il se laisse un peu emporter par l’adrénaline du moment mais j’ai aussi noté un excellent Mount qui joue parfaitement le coup. Il stoppe sa course et sait qu’il va être percuté avec un coup d’épaule dans le dos. Le penalty est indiscutable.

Pour une fois, Kylian Mbappé n’a pas été l’attaquant des Bleus le plus en vue côté français…

C’est vrai mais vous aurez remarqué que Walker n’a pas existé offensivement sur son côté. Il s’est contenté de contenir Mbappé sur le peu de munitions dont a disposé ce dernier. On n’a certes pas vu le Mbappé virevoltant qu’on voit habituellement, il n’a certes pas pesé non plus comme lors des derniers matches sur le score, mais il a accaparé aussi systématiquement deux joueurs sur lui. Il n’a peut-être pas complètement rempli sa mission en attaque où on attendait énormément de sa part mais dans un rôle plus obscur, il a aidé.

Mbappé, très souvent pris par deux joueurs anglais. GIUSEPPE CACACE / AFP

Ousmane Dembélé s’est rarement mis en valeur, vous a-t-il déçu sur le côté droit ?

Il a été un peu à l’image des Bleus, avec du feu dans les jambes durant les vingt ou trente premières minutes. On a osé jouer, faire des passes pour casser le milieu adverse et une fois qu’on a marqué, on n’a plus voulu faire cela. On a sans doute joué un peu plus latéralement aussi, ce qui a permis aux Anglais de jouer un peu plus haut.


Giroud est guidé par la certitude qu’il ne lui faudra qu’une occasion pour réussir son match et que celle-ci finira forcément par arriver.

Un mot sur Olivier Giroud, lui aussi auteur d’un travail dans l’ombre et une fois de plus libérateur des Bleus ?

Il est incroyable. Il ne se décourage jamais. Il prend des coups, il en donne aussi (rires), il multiplie les appels, il défend et ne lâche jamais. Jamais, jamais, jamais. Il est guidé par la certitude qu’il ne lui faudra qu’une occasion pour réussir son match et que celle-ci finira forcément par arriver. Sa tête sur le but est superbe car en face, il a des clients dans le jeu aérien.

Comment voyez-vous la demi-finale face au Maroc ?

Je vois de la tension et surtout une grosse pression sur l’équipe de France qui sera favorite. Le Maroc est extrêmement bien organisé, avec un très bon gardien et laisse le ballon à l’adversaire. Ce sera aux Bleus de faire le jeu. Ce qui veut dire qu’on aura probablement un match différent de celui des quarts de finale. Et j’attends ce duel Mbappé-Hakimi avec impatience ! Le duel fratricide entre les deux copains au Paris SG vaudra le coup d’œil.

Angleterre-France, le match en images

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