Le « marchand de mort », Viktor Bout, de retour en Russie en jet privé

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Retour triomphal en Russie pour Viktor Bout, le trafiquant d’armes échangé contre la basketteuse américaine Brittney Griner, jeudi 8 décembre, sur le tarmac de l’aéroport d’Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis. Sitôt après l’échange, les chaînes russes de télévision l’ont montré à bord d’un jet privé en partance pour Moscou, faisant vérifier sa tension, téléphonant à sa famille. Le ministère des affaires étrangères a confirmé sa libération après onze années passées aux Etats-Unis où il purgeait une peine de vingt-cinq ans de prison pour trafic d’armes et soutien au terrorisme.

L’ancien militaire, 55 ans, connu à l’étranger comme le « marchand de mort », qui a alimenté les conflits les plus sanglants au Moyen-Orient et en Afrique, est décrit, chez lui, comme un patriote injustement emprisonné par une administration américaine viscéralement antirusse. Le fait de s’être acoquiné avec les talibans, Al-Qaida, l’ex-président libérien Charles Taylor, qui purge cinquante ans de prison au Royaume-Uni pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre, le dictateur libyen Mouammar Kadhafi, n’est pas disqualifiant en Russie, au contraire. Les médias le décrivent comme un commerçant raffiné, végétarien, peintre à ses heures. Ses toiles ont d’ailleurs été exposées récemment par le Conseil de la Fédération, la Chambre haute du Parlement. La Chambre basse, la Douma, l’a invité à prononcer prochainement un discours.

Son ascension est aussi fulgurante que mystérieuse. Traducteur pour l’armée soviétique en Angola et au Mozambique à la fin des années 1980, le lieutenant Bout choisit de se lancer dans les affaires lorsque l’URSS s’effondre en 1991. Dans la Russie de l’époque, de nombreux pilotes militaires sont au chômage, les avions sont cloués au sol et l’industrie de défense a des stocks à revendre. En quelques années, cet obscur interprète militaire va créer le réseau le plus étendu de livraisons d’armes aux guerres civiles et aux dictatures, en Afrique surtout, se jouant aisément des sanctions de l’ONU. Son empire – 6 milliards de dollars en 2008, selon Associated Press – est un écheveau de sociétés opaques impossible à démêler. Surtout, personne ne sait avec quels fonds il a lancé son entreprise.

Pas regardant sur la clientèle

En 1992, âgé de 25 ans, il achète deux Antonov à l’armée ex-soviétique. Officiellement, pour transporter des fleurs, des meubles, des poulets congelés. Le trafic aérien est organisé depuis l’Afrique du Sud, puis des Emirats arabes unis. Le succès est immédiat. Quatre ans plus tard, l’entreprise a 160 avions et un millier d’employés. Viktor Bout n’est pas regardant sur la clientèle. En 1995, la cargaison – 30 tonnes d’armes – qu’il a fait affréter par avion pour le chef afghan Burhanuddin Rabbani tombe entre les mains des talibans, ses ennemis. Lors des négociations pour la libération de l’équipage, il en profite pour leur vendre ses services.

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