Le triangle d’Al-Fashaga, une poudrière à la frontière entre le Soudan et l’Ethiopie

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Le long de sa frontière orientale, l’armée soudanaise bombe le torse. Aux abords de campements militaires dissimulés dans des bosquets d’acacias, des canons d’artillerie pointent leur nez en direction de l’Ethiopie. Profitant des difficultés internes de son voisin, occupé par la guerre civile au Tigré, Khartoum a déployé en décembre 2020 une garnison d’au moins 6 000 soldats pour reconquérir un territoire historiquement disputé entre les deux pays : le triangle d’Al-Fashaga. L’offensive éclair a été couronnée de succès, aux dires des autorités soudanaises, qui affirment contrôler aujourd’hui 95 % de ces 250 km2 de terres fertiles coincées entre les rivières Setit et Atbara.

L’Ethiopie n’est pas restée sans réagir : au moins une vingtaine de soldats soudanais et des dizaines de civils ont été tués au cours d’affrontements récurrents. Les dernières échauffourées remontent au mois de juin 2022 : sept soldats soudanais tombés dans une embuscade tendue par des milices éthiopiennes ont été enlevés puis exécutés dans la ville frontalière d’Abdurafi.

Selon les militaires soudanais, ces milices sont soutenues par l’armée fédérale éthiopienne, qui leur fournit des armes lourdes, de l’artillerie, des munitions et des uniformes. « La tension est retombée, mais nous nous préparons à une nouvelle confrontation à tout moment », indique le colonel Eissa Ahmed Eissa, responsable du terrain d’opérations de Wad Aroud, situé à 13 km de la colline stratégique d’Abu Tuyur, qui marque la ligne de front.

De part et d’autre de la rivière Atbara, des escouades de soldats soudanais et de paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) sont disséminées dans le paysage, leurs Toyota bâchées laissant entrevoir mitrailleuses lourdes et lance-grenades. Sur les territoires qu’elle a récupérés, l’armée soudanaise a entrepris de construire des routes et des ponts pour faciliter le déplacement de ses troupes et permettre le retour de centaines d’agriculteurs sur ces terres agricoles. « Cela faisait vingt-cinq ans que je n’avais pas pu fouler les terres de mes ancêtres », s’émeut Abderahim Moussa, qui a pu semer cette année huit hectares de sésame, de coton et de sorgho à l’est de la vallée de Wad Aroud.

Raids meurtriers et kidnappings

Le Soudan considère le triangle d’Al-Fashaga comme partie intégrante de son territoire, selon la démarcation établie en 1902 entre la Couronne britannique, qui gouvernait alors le pays, et l’empereur éthiopien Menelik II. Mais en l’absence d’un marquage clair de la frontière, la zone a longtemps été le théâtre de trafics et de tensions.

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Lot atik