
Il se croyait protégé d’abord par les lois d’impunité votées en Argentine après la dictature (1976-1983), puis par sa nationalité française, acquise en 1997. Mario Sandoval, 69 ans, a finalement été condamné, mercredi 21 décembre, à Buenos Aires, à quinze ans de prison, pour l’enlèvement et la torture, en 1976, d’un étudiant de 24 ans, Hernan Abriata.
« Le tribunal déclare que les faits dont il est question constituent des crimes contre l’humanité, a prononcé le juge Fernando Canero, et ne donne pas suite à la demande de l’accusé de considérer les faits comme prescrits. » Dans la salle d’audience du tribunal de Comodoro Py, cris de joie et applaudissements ont accompagné la lecture du verdict. « Ça a été quarante-six ans de lutte, dont huit pour obtenir son extradition de France, on n’a jamais baissé les bras ! », s’est réjouie Monica Dittmar, la veuve d’Hernan Abriata.
Les différentes parties civiles avaient demandé entre vingt et un ans de prison et la réclusion à perpétuité. Le Secrétariat aux droits humains, ainsi que le parquet avaient, eux, requis une peine de vingt ans. « Je suis solidaire de la douleur de la famille Abriata, mais je ne suis pas l’inspecteur Sandoval qui a arrêté Hernan Abriata », avait réitéré, avant le verdict, Mario Sandoval, en visioconférence depuis la prison de Campo de Mayo, d’où il assistait au procès. Plaider l’homonymie et l’erreur sur la personne a été toujours été sa ligne de défense.
« Je suis pleine de colère »
Dans la salle d’audience, des membres d’organisations de défense des droits humains et d’anciens prisonniers politiques entouraient la famille Abriata et Monica Dittmar, qui ont assisté à toutes les audiences depuis le début du procès, le 14 septembre. Avant la lecture du verdict, ils ont brandi des pancartes avec des photos du jeune homme.
« Je suis pleine de colère, cela fait tellement d’années que nous attendons ce moment, et voir ce lâche se cacher encore et toujours, ça me fait enrager », expliquait Mme Dittmar au Monde par téléphone, avant la lecture du verdict. Elle faisait référence au fait que Mario Sandoval a refusé d’assister physiquement à la plupart des audiences, et a porté un masque même quand il se trouvait à distance et seul dans une salle.
Hernan Abriata avait été enlevé dans la nuit du 30 octobre 1976 par un commando en civil et emmené à l’Ecole de mécanique de la marine, la sinistre ESMA, d’où ont disparu environ 5 000 opposants pendant la dictature. Vu pour la dernière fois en janvier 1977 dans le grenier de l’ESMA, où les prisonniers étaient enfermés, Hernan n’a plus jamais réapparu. On suppose que, comme la plupart des détenus, il a été embarqué dans un avion et jeté dans l’océan.
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