Mort de la « Veuve noire du djihad », l’une des figures centrales du radicalisme musulman en Europe

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Malika El-Aroud est morte vendredi 6 avril à Bruxelles, à l’âge de 64 ans, des suites d’une longue maladie. « Maman djihad », « Veuve noire du djihad », « Oum Hobeid » : cette Belgo-Marocaine dotée de multiples surnoms a été, pendant plus de vingt ans, l’une des figures centrales du radicalisme musulman en Europe. Inflexible militante du djihad armé – elle justifiait notamment les attentats-suicides –, condamnée en 2010 à huit années de détention, à Bruxelles, pour le recrutement de combattants, elle n’a jamais renié ses convictions. Arrêtée à nouveau en 2018 et privée de sa nationalité belge, elle devait être expulsée vers le Maroc, où elle était née. Les autorités de Rabat ont toutefois constamment refusé de lui délivrer les documents nécessaires.

Arrivée à l’âge de 5 ans à Bruxelles, Malika El-Aroud a suivi un parcours scolaire classique, avant de fuguer à l’âge de 17 ans. Vie dans la rue, drogue, amours multiples : son existence tumultueuse la mena à une tentative de suicide, avant ce jour, expliqua-t-elle plus tard, où elle entendit « une voix dans [sa] tête » lui murmurer : « Seul le Coran peut te sauver. »

Un sauvetage qu’elle allait concevoir comme une obligation de s’en prendre à la société occidentale au nom de « l’humiliation » qu’elle infligerait aux musulmans. A Molenbeek, une banlieue bruxelloise, fabrique et zone de transit du djihad armé européen, elle navigue alors dans les milieux takfiristes, qui constituent, à l’époque, le terreau d’Al-Qaida. Au Centre islamique belge du Franco-Syrien Bassam Ayachi, elle rencontre Dahmane Abd El-Sattar, un Tunisien arrivé en Belgique pour y entreprendre des études de communication. Ayachi va marier le couple.

Félicitée par Oussama Ben Laden

En 2001, Malika El-Aroud rejoint son mari en Afghanistan, prétendument pour développer des projets humanitaires, mais plus sûrement pour s’initier au maniement des armes. Dahmane Abd El-Sattar, lui, est en mission pour le réseau Al-Qaida : sous une fausse identité de journaliste, il parvient à approcher Ahmad Shah Massoud. Le 9 septembre 2001, le commandant de l’Alliance du Nord et chef de la résistance aux talibans est déchiqueté par les explosifs que porte à sa ceinture le Tunisien, qui meurt lui aussi. Al-Aroud décrira Massoud comme « le diable » et, dans un livre publié en 2004, son mari comme « un homme prêt à sacrifier sa vie pour sauver des innocents opprimés ».

Revenue en Belgique après avoir, selon certaines sources, été félicitée par Oussama Ben Laden, elle est traduite en justice avec une dizaine d’autres personnes en 2003. Verdict : acquittée. « Vos idées sont très extrêmes mais je ne peux vous juger pour cela », lui dira le président du tribunal. Elle a notamment décrit les attentats antiaméricains du 11-Septembre 2001 comme l’œuvre des « juifs qui voulaient détourner l’attention du monde pour raser la Palestine et les Palestiniens ». Les comparses d’« Oum Hobeid » écopent quant à eux de lourdes peines, les juges ayant estimé que leur réseau préparait d’autres actions violentes.

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Lot atik