
Eva Kaili devra retourner à la prison de Haren, au nord de Bruxelles. L’eurodéputée grecque, déchue le 13 décembre de sa fonction de vice-présidente du Parlement, a été entendue, jeudi 22 décembre. Et la chambre du conseil a décidé de son maintien en détention provisoire, au moins un mois de plus. Les protestations de ses avocats n’y ont rien fait. « Elle conteste toute corruption personnelle », assurait encore jeudi André Risopoulos, son avocat à Bruxelles. Avec son confrère, Michalis Dimitrakopoulos, ils n’ont pas encore dit s’ils souhaitaient faire appel de la décision.
Dans la vaste enquête menée depuis l’été par le juge Michel Claise sur une affaire de corruption et de blanchiment visant des membres du Parlement européen, qui a permis de mettre la main sur 1,5 million d’euros en liquide, ils sont quatre protagonistes derrière les barreaux en Belgique depuis le 9 décembre. Outre Mme Kaili, l’ex-eurodéputé socialiste Pier Antonio Panzeri et Francesco Giorgi, son ancien assistant parlementaire – par ailleurs compagnon de Mme Kaili –, ont déjà vu leur détention provisoire prolongée, le 14 décembre, jusqu’à mi-janvier. Ces deux acteurs sont au cœur de l’organisation criminelle mise au jour par la justice belge.
En revanche, Niccolo Figa-Talamanca, le dirigeant de l’ONG No Peace Without Justice, avait obtenu le droit de sortir de prison et d’être doté d’un bracelet électronique. Le lendemain, le parquet fédéral avait fait appel, et la justice belge statuera sur son sort le 27 décembre. M. Figa-Talamanca dirige une association qui héberge l’ONG Fight Impunity, une structure cofondée et dirigée par M. Panzeri et qui serait au cœur du système de corruption.
Demande d’extradition des proches de M. Panzeri
La Belgique a par ailleurs demandé l’extradition d’Italie de la femme et de la fille de l’ex-eurodéputé. Lundi, la justice italienne a donné son accord pour l’extradition de Maria Dolores Colleoni, la femme de M. Panzeri, mais réserve encore sa réponse concernant sa fille, Silvia Panzeri. Une décision est attendue le 3 janvier. La justice belge les soupçonne de connaître les activités de M. Panzeri et de l’avoir aidé. Selon Le Soir, des écoutes téléphoniques opérées par les services secrets belges montrent que les deux femmes ont participé à la collecte, notamment au Maroc, de produits pour le compte de M. Panzeri. Les deux femmes nient ces accusations.
Pour l’instant, l’enquête dessine un système de corruption relativement rudimentaire. Depuis 2014, avec le Maroc, puis 2018, avec le Qatar, Pier Antonio Panzeri et Francesco Giorgi collectaient fonds et produits pour corrompre des personnalités au sein du Parlement européen et tenter de protéger l’image de ces pays. A part Mme Kaili, aucun député européen n’a jusqu’à présent été interrogé par le juge Claise.
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