
Il est 11 h 45, vendredi 3 février, et Meyer Habib ne sera bientôt plus député de la République française. Le Conseil constitutionnel vient d’annoncer qu’il invalide son élection aux législatives de juin 2022, dans la huitième circonscription des Français de l’étranger, qui couvre notamment Israël et l’Italie.
Le Conseil condamne des « irrégularités et manœuvres [qui] ont été, au regard de l’écart de voix constaté au second tour, de nature à altérer la sincérité du scrutin ». Ces méthodes ont permis à l’élu apparenté au groupe Les Républicains (LR) de s’imposer avec une avance infime : à peine 193 voix. Sa rivale, Deborah Abisror-De Lieme, du parti présidentiel Renaissance, avait déposé une requête auprès du Conseil.
Dans une salle de réception de l’Hôtel du collectionneur, situé à deux pas du parc Monceau, M. Habib se tient les yeux baissés sur son téléphone. Le visage sombre, les traits tirés, une cravate bleue nouée sur sa chemise blanche (les couleurs du drapeau israélien), il est assis à la place d’honneur, à droite de son ami Benyamin Nétanyahou, face à une soixantaine d’hommes d’affaires français. Il ne dit mot.
« Si la France m’abandonne, je n’exclus rien »
Comme à chaque visite, Meyer Habib guide à Paris le premier ministre israélien ainsi que son épouse, Sarah. Il n’a pas assisté au dîner à l’Elysée la veille, durant lequel Emmanuel Macron recevait M. Nétanyahou, de nouveau au pouvoir depuis décembre 2022. Mais Meyer Habib s’est activé dans la matinée de vendredi à travers les couloirs de leur hôtel, auprès de ces hommes d’affaires et de représentants de la communauté juive. Il est entré et sorti sans cesse des salons, a fait les présentations, de la traduction, le commentaire. Il est un peu factotum, un peu intercesseur auprès du chef incontesté de la droite israélienne, qui passera le shabbat à Paris. Un intime.
Il y a dix jours, M. Habib a passé deux heures chez M. Nétanyahou, en Israël. Les deux hommes se sont depuis beaucoup parlé au téléphone. A l’approche de la décision du Conseil, M. Habib racontait autour de lui que son ami lui avait proposé, voilà deux ans, de le faire ambassadeur d’Israël à Paris. « Si la France m’abandonne, je n’exclus rien », affirmait-il, émotif comme toujours, laissant entendre que le poste pourrait lui être offert de nouveau. Il est à prendre depuis que l’ambassadrice Yaël German a claqué la porte en janvier. Nommée par l’éphémère premier ministre centriste Yaïr Lapid, proche de M. Macron, elle ne veut pas servir sous l’alliance qu’a nouée M. Nétanyahou avec des partis d’extrême droite et religieux.
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