
Les républicains s’affairaient en coulisses, jeudi 5 janvier, pour désigner enfin un « speaker » à la Chambre américaine des représentants et mettre un terme à la paralysie générée par la fronde d’une poignée d’élus de l’aile droite du parti.
Favori pour remplacer Nancy Pelosi, le républicain Kevin McCarthy a tendu la main à la vingtaine d’élus trumpistes jouant les trouble-fêtes, leur offrant des concessions de taille.
En vain.
Le groupe refusait toujours de rentrer dans le rang à l’issue d’un dixième vote, un scénario inédit en cent soixante ans.
Ce blocage a des répercussions très concrètes : sans président de la Chambre, les élus ne peuvent pas prêter serment ni donc passer de projet de loi.
« J’ai l’espoir aujourd’hui que les républicains arrêteront les chamailleries, la médisance et les coups dans le dos, afin que nous puissions travailler au service du peuple américain », a appelé le chef démocrate Hakeem Jeffries.
« Fausse route »
Membres de la frange la plus conservatrice du parti, ces élus trumpistes ne font fondamentalement pas confiance à M.McCarthy et profitent de la très fine majorité républicaine décrochée aux élections de mi-mandat de novembre pour poser leurs conditions.
Le républicain, qui ne peut pas être élu sans leur soutien, a notamment accédé à une de leurs requêtes visant à faciliter l’éviction du « speaker ».
Mais l’opposition à sa candidature semblait se cristalliser.
« Nous devons réparer ce système défectueux », a estimé l’élu du Montana Matt Rosendale, exhortant d’autres républicains à se joindre à leur fronde.
133 tours en 1856
L’élection du « speaker », le troisième personnage le plus important de la politique américaine après le président et le vice-président, nécessite une majorité de 218 voix. Kevin McCarthy plafonnait jeudi soir à 200.
L’élu de Californie ne dispose pas pour autant de concurrent crédible. Seul le nom du chef de la majorité républicaine à la Chambre, Steve Scalise, circule comme possible alternative.
La Chambre continuera à voter jusqu’à ce qu’un président soit élu. Ce qui n’est généralement l’affaire que de quelques heures pourrait s’étendre sur plusieurs semaines : en 1856, les élus du Congrès ne s’étaient accordés qu’au bout de deux mois et 133 tours.
« Il ne fait pas de doute que les problèmes qui nous divisent aujourd’hui sont bien moins graves que ceux que nous avions en 1856 », a lancé l’élu John James, en appelant ses collègues à se ranger sans attendre aux côtés de Kevin McCarthy.
Le président démocrate Joe Biden a qualifié mercredi cette situation d’« embarrassante », assurant que « le reste du monde » suivait de près la pagaille au Congrès.
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